Notre part de nuit de Mariana Enriquez, en cette demeure gisent l’amour et les ténèbres

Imaginez une grande demeure percée de multiples couloirs, aux portes en bois massif dissimulant de sombres pièces mystérieuses. Un manoir ancien où il serait facile de se perdre. Ce livre est cette demeure.

Lire cet ouvrage c’est comme déambuler dans les couloirs plongés dans la pénombre et s’arrêter devant les veilles photographies jaunies qui parsèment les murs. On plisse les yeux pour tenter d’en saisir les moindres détails mais ceux-ci s’entêtent à rester dans l’ombre, vérités insaisissables.

Puis vous parvenez dans un salon vivement éclairé par la lumière du soleil argentin, de jeunes adolescents sont assis en cercle, riant, dansant, parlant de tout et de rien. Leur présence salvatrice allège l’atmosphère et fait espérer des lendemains meilleurs. Mais les ténèbres ont déjà jeté leur dévolu sur eux. Cruelles destinés.

Une large bibliothèque vous assaille au fond d’une pièce solitaire, trésors insoupçonnés de témoignages précieux sur l’Argentine et ses troubles incessants, sur des articles évoquant des charniers cachés dans la jungle, sur l’histoire d’une société secrète dont il vaut mieux taire le nom, sur des récits oubliés de voyage dans un lieu emplis de ténèbres dévorantes et de pendus décharnés. Vous n’avez pas envie d’en savoir plus mais une fièvre inconnue vous pousse à vous immerger dans cet océan de noirceur. Dangereux savoir.

Vous présentez que cette demeure est le réceptacle de la folie humaine, de sa cruauté implacable mais aussi de l’amour d’un père pour son fils, un amour qui s’exprime au-delà du bien et du mal, un amour qui ne s’embarrasse pas des conventions du tout venant.

Vous ressortez de la demeure d’un pas fébrile, le cœur battant, les yeux hagards, tentant désespérément de saisir ce que vous venez de vivre. Touché du doigt par une plume dantesque qui grave à jamais des images saisissantes dans votre esprit mais aussi bercé par la fougue de la jeunesse. Une visite dont on ne ressort pas indemne.

Résumé : Un père et son fils traversent l’Argentine par la route, comme en fuite. Où vont-ils ? À qui cherchent-ils à échapper ? Le petit garçon s’appelle Gaspar. Sa mère a disparu dans des circonstances étranges. Comme son père, Gaspar a hérité d’un terrible don : il est destiné à devenir médium pour le compte d’une mystérieuse société secrète qui entre en contact avec les Ténèbres pour percer les mystères de la vie éternelle.

Alternant les points de vue, les lieux et les époques, leur périple nous conduit de la dictature militaire argentine des années 1980 au Londres psychédélique des années 1970, d’une évocation du sida à David Bowie, de monstres effrayants en sacrifices humains. Authentique épopée à travers le temps et le monde, où l’Histoire et le fantastique se conjuguent dans une même poésie de l’horreur et du gothique, Notre part de nuit est un grand livre, d’une puissance, d’un souffle et d’une originalité renversants. Mariana Enriquez repousse les limites du roman et impose sa voix magistrale, quelque part entre Silvina Ocampo, Cormac McCarthy et Stephen King.

Éditeur ‎Sous-Sol (19 août 2021)
Langue ‎Français
Broché ‎768 pages
ISBN-10 ‎2364684668
ISBN-13 ‎978-2364684669

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