Lord Cochrane vs l’Ordre des catacombes de Gilberto Villarroel

Achat du livre : https://amzn.to/3t5X0XK

Plus de dix ans que le marin le plus audacieux de tous les temps, le grand Lord Cochrane, a défait la terreur immémoriale et cosmique, le monstrueux Cthulhu.

Chronique : Le premier volume des aventures du fameux Lord Cochrane m’avait permis de faire de belles rencontres. La rencontre d’un auteur d’abord, Gilberto Villaroel, d’origine chilienne, résident à Paris, passionné d’histoire européenne et de littérature fantastique. La rencontre avec une maison d’éditions ensuite, aux forges de vulcain, dont les couvertures minimalistes et hautes en couleurs m’ont immédiatement séduites. Enfin j’ai pu faire connaissance avec une figure historique des plus fascinantes, le fameux Lord Cochrane, navigateur anglais, inventeur excentrique, héros du chili et tant d’autres choses encore. Inutile de vous dire qu’avec tous ces éléments réunis le livre n’est pas resté longtemps sur le présentoir de mon libraire.

L’aspect historique prend une place plus importante dans ce volume, là où le premier volume faisait plus office de parenthèse fantastique sans réel lien avec la marche incessante du monde. Le récit se situe durant la période ô combien confuse de la restauration monarchique. Napoléon et son empire sont partis en fumé mais pourtant son ombre imprègne tout le récit. L’auteur parvient à dérouler l’aspect historique de son récit tout en évitant de donner un simple cours d’histoire et c’est en grande partie grâce à son personnage principal, lord Cochrane.

La plume de l’auteur ne s’anime jamais autant que lorsqu’il s’agit de mettre en scène cet aventurier intrépide, ce soldat rebelle qui a dû dire adieu à sa patrie, cet inventeur touche-à-tout qui regrette la lenteur du monde qui l’entoure. À la fin de l’ouvrage, l’auteur explique que Lord Cochrane a probablement servi de source d’inspiration pour nombre de figures d’aventurier navigateur qui ont émergé dans la culture populaire contemporaine et ce n’est guère surprenant. Ce personnage charismatique dynamite les pages du récit, son aura de capitaine chevronné accorde au moindre dialogue une atmosphère chargée en testostérone, rendant la narration encore plus riche et savoureuse. La caractérisation sur ce personnage est très juste, l’auteur en fait un personnage complexe, non manichéen, plus âgé mais donc aussi plus sage mais toujours déterminée à faire mordre la poussière à ses adversaires.

En ce qui concerne l’intrigue l’auteur a décidé de s’aventurer vers des chemins plus balisés. Ce tome est l’occasion d’invoquer l’esprit des pulps d’antan, le Paris des mystères et ses ruelles insalubres. Cela donne un récit d’aventure honnête mais on y perd l’originalité du premier volume. L’auteur coche les cases des récits d’aventures du 19ème siècle. Le cimetière lugubre, les catacombes morbides, sans oublier les ecclésiastiques fanatiques qui font office d’ennemis au final bien peu menaçant mais très clichés. Le rythme est haletant, les personnages ont à peine le temps de s’extirper d’une situation mortelle qu’une nouvelle péripétie survient. Mais ce que l’on y gagne en rythme on le perd en atmosphère. L’apport de cet ordre des catacombes est minime, jamais le récit ne va développer de réelles intrigues politiques ce qui empêche d’accorder du crédit et de l’épaisseur narrative à cet ordre de fanatiques.

Le fantastique est quelque peu en retrait dans ce tome. L’univers Lovecraftien sert plus de toile de fond que de moteur à l’intrigue. Les horreurs surgies de l’esprit de Lovecraft n’ont qu’un rôle extrêmement secondaire. Les chapitres se déroulant dans l’Antiquité et incarnant deux autres personnages historiques majeurs, à savoir César et Vercingétorix, sont plaisants à suivre au début avant que l’on comprenne qu’il s’agit pour l’auteur de mettre à nouveau en scène un combat contre la divinité des profondeurs. Une confrontation intéressante mais qui a perdu la fraîcheur des débuts.

Un petit bémol également concernant la plume de l’auteur. Celle-ci est très riche et dense. L’auteur livre des éléments historiques, il dresse un portrait détaillé de la situation politique française et revient sur les dernières heures du règne de Napoléon, il effectue une biographie qui couvre plusieurs années de la vie de ce cher Lord Cochrane. Mais il nous donne aussi des détails techniques sur l’artillerie, la marine, la conquête de la Gaule par les Romains, et une étrange machine à vapeur qui servira vaillamment nos protagonistes. Tout ça fait que le récit souffre d’une certaine rigidité factuelle que la plume de l’auteur n’allège pas tend celui-ci tient à tout expliquer, tout détailler au risque de relâcher l’attention du lecteur. L’effort de produire le récit le plus complet possible que ce soit au niveau historique, technique ou des portraits de personnages est louables mais cela se fait au détriment de l’intrigue qui aurait pu être moins orientée action et offrir un peu plus d’effroi fantastique.

Avec ce second volume des aventures de Lord Cochrane l’auteur a pris le parti d’une aventure plus terre à terre en rappelant à notre bon souvenir l’esprit des récits d’aventures mâtiné d’une légère touche de fantastique. On y perd donc l’originalité du premier volume pour suivre un récit d’aventures mouvementées mais manquant d’originalité, qui vaut surtout pour la présence de son héros principal qui illumine chaque page où il est présent.

Éditeur ‏ : ‎ Pocket (10 février 2022) Langue ‏ : ‎ Français Poche ‏ : ‎ 600 pages ISBN-10 ‏ : ‎ 226632229X ISBN-13 ‏ : ‎ 978-2266322294

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s