Nuages baroques de Antonio paolacci et Paola Ronco

Crimina dell’arte

Il y a certains auteurs qui parviennent à s’imprégner d’une atmosphère avant de la retranscrire dans leur récit, c’est le cas du duo Paolacci-Ronco qui livre un polar enchanteur où l’esprit Italien occupe la première place. 

Les premières pages et la présentation des différents personnages donnent l’impression d’être au théâtre. D’un trait les auteurs plantent leur décor dans une ville de Gêne attachante, où les vieux immeubles se montent à pied, où la moindre parole donne l’impression d’être chantée. Un décor enchanteur qui reste réaliste grâce à une intrigue qui met en avant les travers de la société italienne.

Les personnages sont décrits par un trait de caractère qui permet de saisir immédiatement l’âme du personnage. Caccialepori, le malade imaginaire au regard affûté, l’adjointe Santamaria avec sa pipe constamment collée à la bouche et qui n’a pourtant pas sa langue dans sa poche, Musso le poseur avec ses costumes hors de prix. L’équipe d’enquêteurs fait très vite penser à une troupe de théâtre où chacun joue son rôle à la perfection. On est parfois à la limite du cliché mais la complicité des dialogues et le dynamisme de la narration fait oublier tout ça.

Évidemment l’atout majeur du roman est le sous-préfet Paolo Nigra qui nous fait découvrir son amour pour la ville de Gêne, sa résilience face à l’homophobie rampante de certains de ses collègues et de la société et son couple avec un acteur qui a fait le choix de taire sa vie amoureuse. Une relation touchante qui concentre toute la finesse d’écriture du duo d’auteurs. De quoi achever de faire tomber le lecteur sous le charme de ce polar, italien jusqu’au bout de sa plume.

Mais que cette légèreté apparente ne fasse pas oublier qu’une intrigue doit être menée. Si l’enquête se révèle classique et sans grande surprise, elle est cependant assez efficace pour captiver le lecteur et a le mérite d’intégrer le récit à la société italienne contemporaine en évoquant le pacte d’union civile, le G8 de 2001 et l’homophobie ordinaire à laquelle doivent faire face les homosexuels italiens encore aujourd’hui.

Un excellent premier volume d’une saga policière qui possède son propre ton, léger mais pas niais et une galerie de personnages haut en couleur. 

Résumé :

Un jeune étudiant en architecture d’une vingtaine d’années, vêtu d’un manteau rose vif, est retrouvé battu à mort au petit matin, non loin du lieu où se tenait une fête en soutien à l’union civile qui doit bientôt consacrer en Italie le mariage homosexuel. Sur les lieux, auprès de son équipe de policiers aussi disparate qu’efficace, arrive bientôt sur sa moto Guzzi l’imperturbable sous- préfet de police Paolo Nigra, bel homme à la quarantaine élégante, sorte de Gian Maria Volonte au charisme évident.

Tout semble indiquer un crime homophobe, mais Nigra se méfie des évidences…

Éditeur ‎Rivages (12 octobre 2022)
Langue ‎Français
Broché ‎352 pages
ISBN-10 ‎2743657863

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