Interview d’Anna Triss pour « La Guilde des Ombres »

Née à Annecy, Anna Triss dévore son premier livre de fantasy et tombe amoureuse de ce genre littéraire à l’adolescence. Cet événement marque le déclic d’une passion inconditionnelle : l’écriture.
Pendant des années, enfermée dans sa petite bulle, elle s’évade dans ses mondes grâce à sa plume, guidée par son imagination et son grain de folie. L’édition de ses romans est un rêve devenu réalité.
Son premier livre publié, la romance déjantée « Le prince charmant existe ! (Il est italien et tueur à gages) » devient un best-seller en quelques mois et récolte le premier prix de la romance au salon du livre de Niort 2019.
Titulaire d’une licence d’histoire de l’art et d’archéologie, Anna adore voyager. Il n’est pas rare qu’elle puise l’inspiration dans ses pérégrinations, mais également dans l’art, le cinéma, les séries et, bien entendu, la littérature.
Mariée et maman d’un petit garçon, elle vit désormais à La Rochelle où elle profite de son temps libre pour écrire de nouvelles histoires peuplées de héros aussi atypiques que charismatiques (et sans conteste badass !)

Réseaux d’Anna Triss: linktr.ee/annatriss

Quelles sont vos inspirations littéraires ? Y a-t-il des auteurs ou des livres qui ont particulièrement influencé votre écriture ?

J’ai diverses sources d’inspiration (livres, jeux vidéo, séries, films…) à commencer par la plus ancienne de toutes, qui m’a initiée à la fantasy à l’adolescence et m’a émerveillée : la formidable série Lancedragon. Je pense que c’est cet univers qui m’a le plus influencée dans ce registre au global car j’ai appris les codes de la fantasy avec ces romans. J’ai également adoré l’Ange de la Nuit de Brent Weeks pour le thème des assassins et l’Agent des ombres, de Michel Robert, pour le côté dark fantasy. J’aime aussi beaucoup les auteurs Sarah J. Maas, Angel Arekin, Sophie Jomain et Farah Anah dans leur approche des histoires, des univers et des personnages, même si je les ai découvertes plus récemment.

Comment est né l’univers de La Guilde des ombres ? Quels ont été vos choix en matière de création de monde ?

L’univers de La Guilde des Ombres a été un travail de (très) longue haleine : quasiment 20 ans pour le peaufiner. D’abord, il y a eu le tout premier jet, à l’adolescence : une fantasy simple et classique, qui n’avait pas grand-chose à voir avec la version actuelle éditée chez Plume Blanche, Pocket et Audible. L’histoire était bien plus bateau, c’était juste une grande quête d’aventure. Seuls points en commun, quelques personnages et scènes particulières que j’ai reprises par la suite pour les adapter à ma saga. Mes envies et mon style ont évolué au fil des ans : je voulais aborder des thèmes plus sombres, violents, matures et profonds. En jouant à des jeux comme Assassin’s Creed et Skyrim, mon penchant pour les confréries d’assassins et les antihéros s’est affirmé. Je suis allée découvrir des romans qui contenaient ces thèmes tout en élaborant ma propre histoire en parallèle. Je l’ai énormément retravaillée, étoffée, relue, corrigée, perfectionnée pendant des années, car je sentais dans mes tripes qu’il s’agissait de l’oeuvre de ma vie.

Mes choix en matière de worldbuilding se sont construits au fur et à mesure. Le fil directeur a toujours été un système d’oligarchie, soit un territoire régi par plusieurs castes différentes (Ligue Mercantile, Caste de Justice, Fraternité du Panthéon…), mais je voulais aussi introduire d’autres peuples au sein de ce monde (elfes, nains, dragons, barbares) en plus de développer en particulier une des confréries, soit La Guilde des Ombres et tout ce qui la caractérise : sa hierarchie, son règlement, ses moeurs, ses membres les plus éminents et les relations parfois conflictuelles qu’ils entretiennent.       

Les personnages de votre série ont des personnalités très différentes les unes des autres. Comment avez-vous développé leurs caractères et leurs histoires personnelles ?

Question compliquée, car tout se fait très naturellement avec mes personnages dès qu’ils prennent corps dans mes romans. Je commence par créer un portrait d’eux, avec les grandes lignes, avant l’écriture proprement dite. Puis je les développe et les détaille au fur et à mesure que l’histoire avance. Je fais attention à les particulariser pour les rendre uniques (avec des spécificités physiques ou mentales, par exemple) mais aussi à les rendre réalistes, crédibles, attachants et cohérents pour qu’on puisse s’identifier à la plupart d’entre eux. Je veille à ne pas les faire tomber dans des stéréotypes faciles, superficiels, qu’on a déjà vus mille fois ailleurs. J’accorde une importance essentielle à leur psychologie et à la dynamique de leurs relations : ces deux points me fascinent. Ils permettent d’ancrer ces héros, malgré l’univers fantasy inventé de toutes pièces, dans la réalité. Mes lecteurs me le disent régulièrement, d’ailleurs : ils ont l’impression que mes assassins existent. De plus, dans La Guilde, très rares sont les personnages manichéens. Ils évoluent pour la grande majorité dans la zone grise. Normalement, on peut quasiment tous les comprendre, même les pires antagonistes. 

Votre série explore le thème de la magie et de la guilde qui la maîtrise. Quelles sont vos réflexions sur la magie en tant que concept et comment avez-vous abordé ce thème dans votre livre ?

La magie est un thème que j’affectionne dans mes romans imaginaires (qui en contiennent tous) car elle permet une très belle liberté de création. Grâce à la magie, en théorie, on est capable de toutes les prouesses et de toutes les horreurs : l’intérêt est donc de lui donner des limites, des particularités, des dérives aussi. Souvent associée à la puissance d’un personnage, elle peut alors impliquer une corruption morale s’il est ambitieux et arrogant : elle contribue donc à l’évolution de sa psychologie, ce qui est vraiment intéressant à exploiter. 

Dans La Guilde, il n’y a pas, en soi, de magie blanche et de magie noire : la magie est neutre, elle dépend de la volonté de celui qui l’utilise. J’ai choisi d’axer mon histoire sur les Dons, offerts par la déesse de la Mort aux assassins qui la servent depuis des siècles. Il existe trois types de Dons : Dons Terrestres (les plus courants, qui se rapportent à une faculté physique, comme un Don de force ou un Don de rapidité), Dons Draconiques (exclusivement réservés aux dragons, souvent psychiques, comme la télépathie) et Dons Célestes (le Don de vie de Faucheur, qui peut ressusciter les défunts, et le Don de mort de Panama, qui peut tuer d’un simple contact car elle est l’héritière de la Mort.) Comme je le disais précédemment, chaque pouvoir a ses spécificités et ses limites avec lesquelles on peut aisément jouer, et qui peuvent influencer le parcours de vie des héros, guider leurs choix et leurs actes, voire bousculer toute l’intrigue.

Le tome 2 de La Guilde des ombres est centré sur une grande traque. Comment avez-vous construit l’intrigue de ce livre et comment avez-vous géré le rythme et le suspense ?

La Grande Traque est surtout une référence à un évènement qui survient vers la fin du roman. Concernant le suspense, je disperse des indices subtils, j’intensifie la tension, j’introduis des drames, des surprises et des conflits. On sent que quelque chose va arriver en avançant dans l’histoire, en découvrant les pensées de certains personnages, mais on ne sait pas quoi précisément, ni quand ça va exploser, ce qui fait planer un climat d’inquiétude et d’oppression tout au long du livre.   

Quelle a été votre plus grande difficulté en écrivant La Guilde des ombres, et comment avez-vous surmonté cette difficulté ?

Ma plus grande difficulté a été, dans l’écriture du final, de boucler correctement tous les arcs narratifs ouverts auparavant et de traquer les éventuelles incohérences. L’univers étant très riche et profond, avec de nombreux personnages et une multitude de détails étalés sur 6 pavés, ce fut un travail long et fastidieux qui m’a donné quelques cheveux blancs sur le moment. En plus, j’avais une dead-line donnée par mon éditrice, donc pas le temps de me consacrer à autre chose : je devais être la plus rapide et efficace possible, en passant des heures à écrire et relire chaque jour. Mais j’ai réussi à terminer dans les temps, et exactement comme je le voulais. Je suis satisfaite du résultat et les retours très enthousiastes des lecteurs confirment mon impression : j’ai relevé le challenge.     

Quels conseils donneriez-vous à des écrivains en herbe qui souhaitent se lancer dans l’écriture d’une série de fantasy ?

Le premier conseil que je donnerais est de lire beaucoup dans le genre qu’on souhaite aborder, pour intégrer les codes. Un grand auteur est avant tout un grand lecteur. Ensuite, travailler son worldbuilding, en y incorporant des éléments uniques qu’on ne voit pas ailleurs. Il ne s’agit pas de TOUT inventer de A à Z, ce n’est pas possible, mais de trouver son style, sa marque de fabrique, ce qui va nous distinguer des autres auteurs. D’adapter les codes à sa sauce et de se les approprier, en somme. Enfin, je pense qu’il ne faut pas survoler les choses, en fantasy. Que ce soit l’intrigue, les personnages ou les lieux. La majorité des lecteurs du genre apprécient les descriptions (bien dosées évidemment, pas 10 pages pour décrire un costume ou un bâtiment…) pour être pleinement immergés dans l’univers. 

Quels sont vos projets futurs en matière d’écriture ? Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur ce que vous prévoyez pour la suite de La Guilde des ombres ou pour d’autres projets ?

Il n’est pas impossible qu’un jour je revienne dans l’univers de La Guilde, mais ce sera plus un prequel ou un spin-off, pas une suite, si ça se fait (en sachant que je ne garantis rien, ça dépend de plusieurs facteurs, dont l’inspiration bien sûr.) Actuellement j’écris une saga de romance fantasy qui s’inscrit dans un nouvel univers riche, peuplé de créatures surnaturelles, qui devrait aussi beaucoup plaire aux fans de La Guilde des Ombres, de La Reine Courtisane et de Myrina Holmes.

Publicité

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s