Unique survivant d’un naufrage, Edward Prendick est secouru par Montgomery, l’assistant d’un certain Docteur Moreau. Depuis une dizaine d’années, sur leur île isolée du monde, les deux scientifiques se livrent à de terribles expériences, greffant et modifiant génétiquement des animaux pour les rendre doués de conscience et de parole. Sur place, les « Hommes-bêtes » obéissent à un ensemble de règles bien précises, la Loi, leur interdisant tout comportement primitif, et vénèrent Moreau tel un dieu. Mais Prendick découvrira bien vite que les pulsions animales de ces créatures sont loin d’être oubliées…Interrogeant les questions de l’identité et de la dignité animale, le troublant et visionnaire L’Île du Docteur Moreau n’a rien perdu de sa pertinence.
Chronique : Edward Prendick est un naufragé qui est recueilli sur une île du Pacifique Sud, et il découvre rapidement avec fascination et répulsion qu’il s’agit d’un terrain d’expérimentation grandeur nature pour le savant Moreau ayant disparu de la circulation à cause de scandales liés à la vivisection, qui à grands renforts de transfusions et de transplantations explore ici la frontière entre l’homme et l’animal, la raison et l’instinct, la réflexion et la pulsion.
L’aspect philosophique du roman n’a pas perdu de son intérêt,est il est quasi prophétique car le narrateur hanté par l’animalité qui resurgit en lui annonce le phénomène de brutalisation des sociétés qui a éclaté avec les guerres mondiales !
La Bd est fidèle, puisqu’il y a redondance dans les deux naufrages initiaux du narrateur, et incohérence avec le narrateur qui critique la violence et l’arbitraire de la microsociété mise en place par Moreau avant de lui substituer sa propre microsociété plus violente et plus arbitraire encore.

Cette relecture de l’œuvre est passionnante de bout en bout mais surtout nous livre une réflexion intéressante sur un savant qui se prend pour Dieu et qui veut modifier le cours normal de la nature.
Ici « Les monstres » sont assez pathétiques et font surgir de la compassion chez le lecteur.
Wells et Dobbs se posent en visionnaire. Cette fibre pessimiste sur les applications pratiques de la recherche se retrouve dans l’Homme Invisible, autre roman et adaptation. Le dessin et la mise en couleur sont parfaits, très esthétiques. Le découpage est lui aussi d’une grande qualité et donne un rythme au récit qui n’est ni trop lent ni trop rapide. Le plus difficile pour les adaptations des œuvres littéraires en BD est sans doute de rester fidèle à l’ambiance de l’œuvre originale. De ce point de vue, le challenge est plus que réussi.
Note : 9/10
- Album: 56 pages
- Editeur : GLENAT (14 juin 2017)
- Collection : HG Wells

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