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À Yardam, la folie est sexuellement transmissible. Kazan est un voleur, un voltigeur, un combattant, un amateur d’art… Il est la somme de plusieurs individus, de plusieurs âmes ingérées à cause du mal étrange qui le ronge.
Chronique : Si les récits d’Aurélie Wellenstein traitent toujours de sujets assez durs, ils sont en général à la portée d’un lectorat adolescent parce que ses héros le sont aussi et que les évènements sont très abordables.
Ce n’est pas du tout le cas avec Yardam, que j’ai trouvé particulièrement dérangeant et dans lequel des sujets très délicats sont traités.
Yardam c’est une ville et on va y passer un an, enfermés avec Kazan qui possède un pouvoir. Comme certains de ces concitoyens il est une espèce de vampire qui mangent les âmes et se remplit de personnalités, en évitant de justesse l’explosion que certains vivent. Les victimes, elles, se transforment en coquilles vides qui errent en ville et se multiplient jusqu’à ce que l’empereur décide la quarantaine totale de Yardam.
Feliks et Nadja, deux médecins étrangers, arrivent à entrer dans la cité pour comprendre ce qu’il se passe et font la connaissance de Kazan qui tente de survivre avec les voix dans sa tête qui le détestent.
C’est très violent, plein de tristesse et de désespoir, avec des passages qui font mal et qui peuvent particulièrement toucher certains lecteurs quand on arrive à traiter de viol, d’agression sexuelle et de massacres très graphiques.
Le personnage principal n’est pas des plus sympathiques et on se rend vite compte qu’il a gâché une opportunité d’améliorer sa vie alors que d’autres se servent mieux de leur pouvoir.
Mais je n’ai pas pu m’empêcher d’avoir un peu d’empathie pour lui malgré toutes les horreurs qu’il fait et l’espèce d’étrange triangle amoureux qui se noue est assez fascinant tout en étant dérangeant.
J’ai beaucoup aimé le rythme du récit qui ne va pas à toute vitesse. Il arrive parfois que les protagonistes ne fassent rien pendant plusieurs jours et j’apprécie toujours ces moments là qui permettent de souffler un petit peu et de planter un peu de réalisme.
On est dans quelque chose de très sombre, dont j’ai vite compris qu’il serait compliqué d’avoir une fin heureuse mais, comme à mon habitude, je n’ai pu m’empêcher d’avoir de l’espoir et j’ai trouvé que tout le thème de la folie et de la dépendance était particulièrement bien traité, tout comme ce sentiment d’oppression qui m’a prise à plusieurs reprises.
Parce qu’au delà de la malédiction qui frappe certains habitants, Yardam est surtout victime de ses propres habitants qui se laissent aller à la violence et l’autrice nous le montre bien.
Chronique de Yodabor
Éditeur : Pocket (10 mars 2022) Langue : Français Poche : 554 pages ISBN-10 : 2266322419 ISBN-13 : 978-2266322416
